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Ce qu'elle ne m'a pas dit.

Isabelle Bary

Editions Luce Wilquin

 

Ah ce roman… il m’a baladée autour de thèmes qui me fascinent : psycho généalogie, amérindiens, une famille quelque peu déjantée ; il recèle un peu d’humour, beaucoup d’amour, un suspense bien  construit et le tout bien ficelé, cacheté d’une jolie écriture.

Et j’allais oublier un petit parfum d’actualité… avec un mot que je ne citerai pas. L’indice : son occurrence dans les médias et dans nos conversations a grimpé en flèche depuis la fin de l’année 2020… Faites-moi signe lorsque vous le trouverez, attention, il apparaît dans les derniers chapitres du récit.

 

La famille : Nola, 16 ans ado rebelle mais n’est-ce pas un pléonasme ? Cheveux noirs, teint mat.

Alex quarantenaire épanoui, vendeur de lingerie fine, le papa.

Marie jolie blonde fragile tourmentée par un certain dossier bleu, la maman.

 

Ce dossier, c’est l’élément déflagrateur du récit, sans lui nous nous serions vite ennuyés à vivre le quotidien de la famille Fransolet.

De nombreux extraits de ce dossier sont enchâssés dans l’histoire, conférant ainsi à cet opus une forme similaire à celle d’un roman épistolaire. Et ce n’en est pas le moindre attrait.

 

La plume : ingrédient central du suspense : ceux et celles qui la reçoivent ou la portent seraient-il héritiers d’une malédiction ?

 

Tour à tour chaque membre de la famille est narrateur d’un chapitre, et cette polyphonie familiale nous partage ses découvertes en mettant en exergue les émotions, les ressentis, les incidences provoquées par ce lever de voile sur un lourd secret familial.

 

Qu’y a-t-il en commun entre Marie et les Innus, peuple premier, chasseurs nomades vivant à l'intérieur des terres du Québec Labrador pendant l'hiver et sur la côte en été, où ils vivaient de la pêche, et de la chasse au phoque et aux oiseaux marins. 
Ce peuple est peu connu et les légendes foisonnent à son sujet.

Ces légendes Marie les conte à Nola dans sa petite enfance.

Cabanes en bois, plumes, peaux de castor, loups, ours, caribous…
Cet univers a de quoi charmer, envoûter ; en même temps la vibration contenue dans les récits du soir a une autre origine qui nous sera révélée au fil des pages.

 

Cependant, si les contes traditionnels des Innus inspirent nos rêveries et comblent nos besoins de nature ;  les rumeurs et réalités contemporaines sont de nature plus glauque : réserves, acculturation, pauvreté, alcoolisme, elles font pourtant souvent la Une des journaux et alimentent un certain mythe.

 

Faut-il parler ou se taire ? Quel est le poids d’un secret ?

«  Maysuzy avait raison : l’amour est le seul guide »

 

Que vous dire de plus pour vous inciter à ajouter cet ouvrage à votre liste à lire ?

La postface d’Isabelle Bary fera déchanter les plus romantiques d’entre vous «  ce roman est en tous points fictif », elle met le focus sur la politique d’assimilation dont ont été victimes les Innus.

 

Elle évoque également le féminicide au Canada, et, cinq ans après l’écriture de ce livre, ce sujet était au sommaire de « La semaine du Monde » ce matin sur la Première. Hélas…

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