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Entre navettes et télétravail, à la recherche d'une troisième voie.

Pollutions, réchauffement climatique, engorgement des villes...tout plaide pour une meilleure mobilité.

Pour ma part, après de nombreuses lectures, réflexions, discussions autour de ces thèmes, je crois qu’il est un aspect de cette question que l’on aborde trop rarement : Développer une meilleure mobilité implique aussi de veiller à éviter les transports absurdes. Je songe aux transports de marchandises (songez aux porcs qui quittent notre pays pour visiter l’Italie et revenir chez nous transformés en saucissons) ; je songe aussi aux déplacements de personnes, aux navetteurs, étranges migrateurs au quotidien.

Je me permettrai d’ailleurs de citer Jacques Neyrinck dans son livre « Le huitième jour de la création » et je salue au passage un collègue ex-navetteur Yves Wuidar qui m’a fait découvrir ce livre. « Le transport des marchandises et des personnes constitue dans notre système technique actuel une source importante de gaspillage d’énergie et de matériaux. Certains de ces transports sont absurdes, tels ceux de fruits ou légumes par avion entre les pays tropicaux et les pays de la zone tempérée en hiver. D’autres pourraient être remplacés par des liaisons informatiques : il est insensé de déplacer quotidiennement des millions d’employés entre la périphérie et le centre des grandes métropoles, alors que la plupart d’entre eux pourraient travailler à domicile sur un terminal »

Outre leurs impacts négatifs sur la mobilité et l’environnement ; les navettes ont aussi un coût social : sur les lieux de résidence, il faut élargir les heures d’ouverture des crèches, des garderies. Sur les zones vers lesquelles s’effectuent ces déplacements l’impact est important en terme d’aménagement du territoire : zones de bureaux, congestion urbaine, pression immobilière... Un autre impact des navettes est parfois aussi un désinvestissement des sphères sociales et associatives par les navetteurs. Lorsque la part de temps contraint augmente démesurément, les activités occupant la plage de temps choisi en pâtissent nécessairement.

Solution antagoniste, le télétravail présente lui aussi quelques inconvénients (cependant à choisir entre navettes et télétravail, c’est le second qui emporte mon choix).

Les inconvénients du télétravail : l’atomisation de la vie sociale, surtout pour des personnes fragilisées, la surenchère en besoin de matériel informatique et les besoins en aménagement et chauffage d’espaces de travail individualisés. Autre frein important au télétravail, celui-ci n’est pas accessible à tous : certains ne disposent pas chez eux d’un espace à consacrer au travail, d’autres auront de grandes difficultés à gérer seuls leur travail, certains se verront envahis par diverses demandes des enfants ou du conjoint, bref le télétravail ne constitue pas la panacée et il ne s’improvise pas.

 

Une 3eme voie à explorer est celle du développement de petites unités, de bureaux satellites, de petites unités regroupées dans des infrastructures de proximité. J’avais lu sur le net il y a déjà quelques années l’expérience d’une société allemande qui avait splitté son siège central en plusieurs bureaux décentralisés, expérience qui était doublée d’une opération de mécénat patrimonial car les bâtiments dans lesquels elle avait établi ses bureaux satellites étaient des bâtiments inscrits au patrimoine rénovés dans le respect de leur histoire (ancien moulin, brasserie etc....). J’ai malheureusement perdu les références de cette expérience.Ces bâtiments satellites peuvent être propriété d’une seule société mais il existe aussi la possibilité de rénover de tels espaces pour y abriter les services satellites de plusieurs sociétés publiques ou privées.

L’avantage de ces solutions par rapport au télétravail est de ne pas entraîner l’atomisation de la vie sociale, de rendre cette solution accessible au plus grand nombre

Autre avantage de ces solutions : permettre la relance d’une activité locale économique et sociale dans des zones où le développement local laisse à désirer. Imaginez seulement un tel bâtiment dans chaque entité communale. Cela aurait un impact sur le développement local de ces entités. Cela permettrait aussi un mode de vie plus humain, plus souriant.

Je rêve de croiser les enfants partant à l’école le matin la main blottie dans celle de leur maman,d’enfourcher mon vélo pour me rendre au boulot, de paresser au lit et d’arriver à l’heure malgré tout, de chanter en chemin... Imaginez la vie près de chez vous chaque matin, les bonjour échangés en se disant « plus belle la vie avec moins de trajets »

Commentaires: 1
  • #1

    Johan (dimanche, 23 juin 2019 11:35)

    Bonjour,

    Je pense que la difficulté de trouver des solutions efficaces en terme de mobilité trouve sa cause plus profondément dans nos sociétés. Nous (la société) nous complaisons, et on nous y force bien, dans un système productiviste débridé.

    Le changement climatique est en partie dû à l’activité de l’Homme et les seules fausses bonnes solutions qui trouvent un écho dans la société sont celles que l’on nous impose.

    Je suis d’accord avec les esquisses de solution que vous avancez et votre rêve car cela reflète une nécessité de changer de paradigme: Celui de ré-humaniser notre bon vieux monde.

    Excellente journée,
    Johan