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Nos batailles - Guillaume Senez

Heureuse découverte de ce film en avant-première au Plaza-art dans le cadre de la décentralisation du 33e Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF).

 

Nos batailles, c’est le quotidien d’Olivier, homme engagé dans son entreprise qui doit faire face au départ énigmatique de sa compagne.

Monsieur Guillaume Senez montre, suggère et laisse le spectateur libre de tracer son chemin dans le récit, d’entrer en résonance avec l’un ou l’autre des personnages, l’une ou l’autre des situations.

Après le départ de Claire, Olivier tente de se reconstruire, ses débuts sont hésitants, il trouve ses marques difficilement. Autour de lui gravitent trois figures féminines lumineuses et généreuses : la mère, la sœur, la collègue ; elles susciteront sa réflexion et l’aideront à grandir, à retrouver son centre de gravité tout en se respectant car le monde de l’entreprise pèse lourd sur la vie d’Olivier et il a compris qu’il devait être présent auprès de ses enfants, il a donc des choix difficiles à trancher et plus encore à assumer.

Deux enfants : Elliott et Rose, tendres, fragiles et émouvants sont de ces batailles. Les deux jeunes acteurs sont splendides et les enfants qu’ils incarnent ont fait fondre mon cœur de mamou.

 

En filigrane le capitalisme 2.0 et le monde déshumanisé qui en découle ; Amazon n’est pas dans mes favoris, le film me conforte dans ce choix. Ma manière de « consommer » a un impact sur le monde. Le réalisateur n’impose pas de message et pourtant ses images ont suscité cette réflexion.

 

Certaines figures, certaines images, certains dialogues de ce film resteront présents et reviendront à la surface à la faveur d’une émotion, une réflexion. J’aime quand un livre, un film, une musique laisse une trace, un germe…susceptible d’enrichir ma vie.

 

 

Après le film, Nicolas Bruyelle accueillait le réalisateur pour un échange chaleureux et instructif. J’ai particulièrement retenu la technique de travail du réalisateur qui ne donne pas le texte aux comédiens « Cela représente un risque pour les comédiens, c’est comme sauter sans parachute, et je comprends très bien leurs appréhensions. Romain n’avait jamais travaillé comme ça auparavant. Très créatif, il aime se renouveler et ce défi l’excitait beaucoup. Avant le tournage, on a beaucoup discuté du personnage. Au moment du tournage, tous les dialogues sont minutieusement écrits, bien sûr, mais je ne les donne pas aux comédiens. On va les chercher ensemble. C’est cela qui donne au film cette texture particulière (de vérité), les moments où les personnages cherchent un peu leurs mots, où les dialogues peuvent se chevaucher, tous ces petits accidents, ces choses de la vie de tous les jours qu’on a tendance à perdre au cinéma. Une telle méthode finit par donner une immense liberté aux comédiens même si elle entraîne aussi certaines contraintes pour les techniciens. Mais je connais mon équipe depuis longtemps, ce sont de véritables partenaires. Tout le monde joue le jeu, on cherche ensemble, et c’est ça qui m’intéresse sur un plateau : travailler, et que chacun donne de sa personne pour arriver au meilleur film possible. Romain a parfaitement joué le jeu, il s’est totalement investi avec une beaucoup de générosité. Il a aimé, je crois, cette façon de travailler, ça se sent et ça se voit à l’écran. » confie le réalisateur.

 

Merci à toute l’équipe du Plaza pour son enthousiasme, au réalisateur pour son regard partagé sur le monde. Bravo aux acteurs, à l’équipe technique. Vous nous livrez un petit bijou, une chronique dont certains aspects retentiront dans nos vies bien longtemps après le défilement du générique.

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