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Ecorces vives

Ecorces vives
Alexandre Lenot

Actes Sud, collection actes noirs

 

 

 

Parfois prendre la plume après avoir refermé la dernière page d’un roman s’avère difficile.

 

Je me sens rêveuse, nostalgique et interrogative, aimantée également par une terre, ses habitants, ses sortilèges, son chant, ses violences.

 

Il y a cette terre que l’on pressent âpre et rude l’hiver, que l’on devine généreuse aussi, offrant mille émerveillements au détour de ses sentiers.

 

Ses habitants : vieillards perclus de rhumatisme et nostalgiques d’un temps, d’un ordre ancien.

 

Il y a ceux d’ici, l’esprit empreint de préjugés, de sourdes et vielles colères, de rancoeurs ancestrales qui se déchireraient pour un lopin de terre qui ne constitue pour eux que survie.

 

Et qu’ont-ils à faire de ces nouveaux-venus en rupture qui cherche ici un équilibre, loin de la ville, du formica et du ciné.

 

Mais chez ces gens-là,  monsieur, accepter ceux du dehors n’est point démarche courante.

 

Il y ceux dont les semelles s’enlisent dans la glaise et ceux qui vibrent de la poésie de cette terre.

Parfois ce sont les mêmes qui varient en fonction des aléas de leur existence.

 

Cinq personnages, sombres et fiers, arrogants, mystérieux, vivants.

Un pays, une terre.

Une époque en perte de repères en proie à d’intenses bouleversements.

 

Ecorces vives est un roman choral, noir comme peut l’être la glaise, vibrant de rouge, la couleur du sang ;  je m’y suis parfois perdue, la trame du récit ne m’indiquant pas suffisamment la direction, par contre j’étais comme envoûtée par la puissance de la langue, sa sombre poésie et l’âme de ces gens vivant à fleur de terre. Je referme la dernière page comme on sort d’un songe ou d’un mauvais rêve, une sorte de torpeur m’envahit… vite rejoindre les bois, poser mes pieds nus sur le sol, fermer les yeux… et ressentir ces mille présences qui peuvent hanter ces lieux jusqu’à ce que ce rayon de soleil fasse chanter les frondaisons.

 

Merci à messieurs Ferrat et Brel dont les chants nous imprègnent.

 

A Sabrina Wishak qui met ses photos à disposition gracieusement sur Burst.

 

Je dédie cette chronique à André-Marie, immigré au Cantal ;-)

A Anaïs qui aime les personnages de femmes guerrières.

A Manuel pour son amour des arbres.

 

 

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