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Les dynamiteurs

 

 Benjamin Whitmer.

Traduit de l'américain par Jacques Mailhos.

 

Editions Gallmeister.

 

J’ai comme habitude de ne rien ou très peu dévoiler d’un récit lorsque je rédige une chronique,  je vais essayer de m’y tenir cette fois avec beaucoup de difficultés.

 

Vous tenez entre vos mains une fiction… combien de fois me le suis-je répétée comme pour me rassurer, en même temps, ces faits, cette violence pourrait tout aussi bien se situer dans le futur tant le propos est intemporel et m’a remué l’âme.

 

Rentrer dans ce récit a été difficile, j’ai traîné pendant des pages, j’avais l’impression de ne pas comprendre et cela était sans doute lié à une étrange volonté de ne pas vouloir comprendre, de nier cette noirceur qui parfois m’a étouffée.

 

Amérique, comment s’est construite ton apparence opulence, quels codes sont ceux de la réussite, de la performance, du capitalisme ? Combien de corps et d’âmes brisés pour un PIB au-dessus de tout soupçon ?

 

Car si Benjamin Whitmer situe son propos à Denver en 1895 ; cela pourrait aussi être Glasgow, le  Paris de Victor Hugo et des misérables, les favelas de Rio, les bidonvilles de Calcutta.

 

Ne vous méprenez pas sur l’ouvrage cependant : rien de revendicatif, juste le récit de quelques vies, de ceux qui sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment.

Qui n’auront jamais droit à la dentelle, aux verres en cristal.

Est-ce que ce monde est sérieux ?

 

Dans ce monde un groupe d’orphelins qui tentent de survivre protégés par la belle et fragile Cora. Survivre dans un tel univers implique de renoncer très tôt aux rêves, à la magie de l’enfance car il faut lutter jour après jour, se défendre, ne pas se laisser envahir.

Point de sucres d’orge ni d’ours en peluche dans cet univers. Et pourtant une infinie tendresse anime celle qui telle une mère louve protège ses petits.

 

Comment rapporter de quoi nourrir toutes ces bouches sans se compromettre ? Sam vient à peine de quitter l’enfance, il aime Cora et souhaite l’aider à prendre soin de ses orphelins… elle qui s’effondre chaque fois que l’un d’entre eux est touché.

Mais comment faire ?

 

« L’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Les choix que Sam va faire pour assumer ce qu’il estime être sa responsabilité vont faire de lui un vagabond, un hors la loi, peut-être même un sans loi, peut-il en être autrement lorsque la loi vous condamne à la misère, la mendicité, lorsque vous peinez à survivre misérablement pendant que d’autres vivent dans l’opulence.

 

Ce roman m’a dynamité le cœur.

 

Sur ce tableau noir à souhait, l’auteur a passé un pinceau pâle aux couleurs de tendresse, cette tendresse qui lie Cora à ses petits, ainsi que Sam à Cora et Sam à Goodnight.

Elle ne sauvera personne hélas… et peut-être ne rend-t-elle pas les pas de ces petits plus légers ?

 

Un roman dont vous ne sortirez pas indemnes, et mon souhait en refermant ce livre est que cette tendresse colore nos vies.

 

Merci à Léa Mainguet et au Picabo River Book Club pour cette découverte.

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