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Il faudrait pour grandir oublier la frontière

Sébastien Julliard

 

Librairie Scylla, collection IIIIII

 

Je dois avouer un grand trouble en refermant ce livre. En cause : une frontière ténue entre fiction et réalité et mes difficultés à ressentir le glissement de l’une à l’autre,  à discerner l’une et l’autre.

 

Une grande maîtrise de l’écriture qui permet ce coup de bluff.

 

Longtemps j’ai cru lire un roman classique dont l’action se déroule dans la bande de Gaza.

Petit à petit, des éléments me perturbaient, l’impression qu’une partie de l’action échappait à ma logique de lectrice.

 

La psychologie des personnages est fouillée, crédible, conforme à la réalité ou presque… quelle est  cette brèche où s’insinuent les éléments de science-fiction ?

 

Et sur ce thème, je peine toujours à comprendre comment un être humain peut se mettre une ceinture d’explosifs à la taille et j’aimerais que cela reste une fiction…

 

Au fil des pages, j’ai eu l’impression que les éléments fictionnels servaient à mettre en lumière les lignes de faille qui traversent les personnages, qui génèrent la violence ou même qui leur permettent de rester debout, vivants malgré l’horreur, l’âpreté du quotidien.

 

111111 caractères envoyés comme un coup de poing dans l’équilibre des mes pensées.

«  Le drame intolérable de l’Histoire c’est que tant de gens sont morts pour des fictions quand ils pensaient s’immoler pour le bien commun » et c’est du grand art que de nous donner à percevoir ce conflit sous cet angle, comment manipulation et projets obscurs savent occulter un quotidien où les protagonistes vivent sur un même territoire, la frontière est-elle réelle ou fictionnelle et qui peut être assez grand, assez fort, assez intègre pour effacer cette frontière et permettre un autre avenir ?

 

La question Israël-Palestine me taraude, j’ai des amis juifs, des amis palestiniens… et ce livre m’a bousculée… comme si la haine instillée entre deux peuples était une drogue, une manipulation des esprits, irréelle.

Que de fois en lisant l’actualité n’ai-je pas eu envie de me réveiller en me disant tout ça n’est qu’un mauvais rêve… pourrait-on grandir assez pour reléguer ces cauchemars derrière la frontière d’un réel qui discrédite l’humain ?

 

Petit livre, jaquette, graphisme soignés, un bel écrin pour un récit dense et pleinement signifiant.

 

Merci à Babelio, aux éditions librairie Scylla pour l’envoi de ce livre déflagrateur dont l’onde de choc n’est pas encore calmée dans mes pensées et émotions.

 

Je guette les prochains écrits de monsieur Julliard que j’applaudis pour ce travail.

 

 

 

 

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