Fernando Pessoa
Christian Bourgois éditeur
Chroniquer un livre est une chose, un recueil de poèmes en est une autre.
D’abord parce que chaque poème se savoure différemment selon l’heure et l’humeur du jour.
Qu’il faut les laisser décanter et aimanter ce qui en nous résonne…
Voici cependant mes modestes impressions quant aux poèmes de monsieur Pessoa.
Au cœur de ce recueil, s’expriment deux hétéronymes : Alberto Caeiro et Ricardo Reis , le premier a ma préférence, les odes du second sont moins évidentes à aborder, souvent plus sombres.
Luminosité, nature proche revigorante et rassurante, sentiment amoureux sont les moteurs de l’écriture d’Alberto Caeiro. Cette lecture est paisible, les images suggérées immédiatement disponibles, n’allez pas croire pour autant que ces écrits seraient désuets, il n’en est rien, ils nourrissent celui qui aime la simplicité, l’immédiateté. Ils sont peuplés de fleurs, de champs, de rivières, ils reflètent l’éclat de la lune ou brillent sous le soleil. Elle n’est pas cousue de fil blanc cette poésie, elle peut aussi dire la maladie, la mort et les aborder avec les émotions qu’elles peuvent susciter chez l’auteur.
Odes de Ricardo Reis
Ces odes m’ont demandé un effort de lecture supplémentaire, comme si le sens m’en était moins accessible ou peut-être me tenais-je éloignée de la noirceur de certaines.
Cependant, lors d’une deuxième voire d’une troisième lecture, certaines Odes m’ont semblé refléter le lac que je trouve en moi en fermant les yeux lors d’une méditation, être au creux du monde simplement et l’exprimer.
Noirceur, non. Lucidité, humilité sont les maîtres mots de ces odes nous invitant à nous délester de toutes illusions. Et si monsieur Reis s’aventure à nommer cela le néant, ce néant me paraît ma foi encore très agréable, confortable, habitable.
J’y reviendrai à ces Poèmes païens, je les lirai à nouveau et de nouvelles significations s’imposeront.
Riches ou pauvres, tendres ou fortes, lumineuses ou grises.
Telle est la richesse du poète, il joue avec l’émotion, et, ces mots résonneront encore longtemps après la lecture.
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